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Amour platonique… à sens unique

Tout a commencé il y a 4 ans. Ou plutôt devrais-je dire rien. Rien n’a commencé il y a 4 ans. Enfin, tout dépend du point de vue à partir duquel on se place…

Il m’a fallu du temps, beaucoup de temps pour mettre des mots sur cette relation. Le constat est dur mais je suis sur le bon chemin. Ce qui est sûr, c’est que tout ce que j’ai pu ressentir pour cette personne a été quelque chose d’unique et que je ne revivrai pas de sitôt.

Ecrire cet article n’est pas simple : cela fait plusieurs fois que je tente de donner de la forme à mes pensées. Mes idées sont là, mais dès que j’essaie de les formuler, quelque chose m’échappe. En outre, je sais que quelques personnes me liront et j’appréhende un peu de montrer cette part vulnérable de ma personnalité. Mais je sens que j’ai besoin de tout exprimer pour pouvoir passer à autre chose. Définitivement. Ou du moins, ce sera la première étape.

Par où commencer ? Peut-être par le plus évident, bien qu’inexact. Voici comment résumer la situation pour vous qui ne me connaissez pas : pendant 4 ans, j’ai été en classe avec un garçon que j’aimais beaucoup. Rien de choquant dans cela, pour certains cela pourrait même paraître plutôt banal, ou encore futile. Mais poursuivez votre lecture, nous parlerons des autres plus tard.

Dès la première année, ce sentiment a fait son apparition. Au départ de façon tout à fait légère. Je conversais avec lui régulièrement, du quotidien, de l’actualité, bref ce dont peuvent parler 2 collégiens, qui pour être honnête ne se sentaient pas très à l’aise dans cet environnement. Je me souviens particulièrement de l’interclasse avant le cours d’italien basé sur le volontariat du mardi après-midi. Je me sentais flattée de ce moment qu’il m’accordait de façon hebdomadaire (en 6e les garçons ne sont pas réputés pour faire la causette ^^) et étais un peu contrariée lorsqu’il avait prévu autre chose. Oui ce n’est peut-être pas énorme, mais juste assez pour que j’y accorde beaucoup d’importance.

Pour vous dire à quel point il comptait pour moi, je disais de lui, de façon innocente à l’époque et faute de mieux que ce garçon était « mon équivalent masculin« . A tort ou à raison ! A partir de là, on comprend que ce n’était pas juste un voisin de rangée…

J’ai évoqué ce moment du mardi après-midi car il est le plus concret et compréhensible. Les années suivantes, notre relation s’est poursuivie avec quelques fois des éloignements, ce qui ne me réjouissait pas mais nous finissions toujours par nous retrouver.

C’est un peu frustrant car j’ai l’impression qu’en écrivant ce billet, mon attachement pour ce garçon paraît encore plus irrationnel. J’imagine que je l’ai beaucoup idéalisé et que j’ai façonné notre relation telle que j’aurais voulu qu’elle soit. Oui, probablement, j’en attendais beaucoup trop et beaucoup d’éléments étaient le fruit de mon imagination : derrière un jeu de regards ou un sourire, on peut mettre quasiment tout ce que l’on veut bien croire. Cette imagination était à mon avis exacerbée par cette ambiance franchement froide et indifférente que créaient mes anciens petits camarades. Dans cette solitude, l’envie presque romanesque d’avoir ce meilleur ami, cette personne qui te comprend et t’accepte entièrement malgré tes bizarreries était à son paroxysme ; cela était favorisé par ma pudeur, mon silence de l’époque. Je n’arrivais pas à mettre des mots sur cette relation et ce n’est que lorsque j’ai réussi, un peu tard, à prendre conscience de son importance que j’ai dû lui dire ce que j’avais sur le cœur. Mais nous en reparlerons le moment venu.

J’ai beaucoup aimé ce que nous avons partagé en Troisième malgré le confinement. Je me souviens de plusieurs visios pour un exposé d’histoire (nerd alert) que nous devions préparer à deux, et c’était un très chouette moment : premièrement parce qu’ensemble nous travaillions de manière efficace et deuxièmement, il faut bien l’avouer, pour les conversations qui dérivaient. 😉 Ces après-midis à nous parler m’apaisaient, j’aurais pu l’écouter parler pendant des heures.

Comme dit l’adage (que je déteste), toute bonne chose à une fin. Alors que je commençais tout juste à me rapprocher de lui, vint le moment où il fallait choisir un lycée pour l’année suivante. Il était objectivement peu probable que nous irions dans le même établissement. Mais là encore, tant qu’il y a du doute on peut toujours espérer ! Lorsque les affectations sont tombées, et que j’ai donc su que nous avions été l’un et l’autre accepté ailleurs (sans me vanter, tous deux dans d’excellents établissements, mais pas les mêmes), j’ai été extrêmement attristée. Quand je pense à la chronique que je vous avais écrite à cette période, je crois que la raison principale de ma déception du résultat était principalement lié à lui. Si j’avais su ce qui allait arriver, je me dis que j’aurais dû être complètement euphorique ! Mais enfin, ce qui est fait est fait, et je ne vais pas m’en cacher…

Un autre aspect intéressant de ce que j’ai vécu, c’est que les réponses que j’ai trouvées ne m’ont pas été donnés par mon entourage. J’ai dû les trouver seule.. Tout d’abord parce que je n’en parlais pas et puis aussi parce que pour la plupart des gens, dire que l’on est attiré par un garçon du même âge signifie forcément que l’on est amoureux (dans le sens traditionnel du terme). En cherchant dans quelques articles, je pense qu’il s’agissait en réalité plutôt d’un amour platonique, dans le sens où mon attirance était purement intellectuelle et très pure, idéale, voire onirique. A ses côtés, je me sentais apaisée, détendue, équilibrée et malgré la bonne impression que j’avais envie de lui faire, j’avais également l’envie d’être complètement moi-même. Un vrai sentiment de plénitude qui était au contraire de l’excitation que l’on pourrait imaginer dans ces cas-là.

Je vais à présent vous résumer en quelques lignes ce qu’il s’est passé les mois qui ont suivi notre éloignement forcé. Nous nous sommes revus une première fois courant octobre après avoir abusivement énormément insisté pour fixer un rendez-vous. Contre toute attente, nous avons passé un très bon après-midi avec beaucoup de complicité où nous nous sommes confiés des choses assez intimes. Je me suis rassurée, me disant qu’il nous sera possible de continuer à nous livrer nos pensées malgré le fait que nous ne partagions plus le même quotidien. Déni quand tu nous tiens ! Plusieurs semaines se sont écoulés suite à cette rencontre, pendant lesquelles j’ai absolument tout fait pour préserver le lien, essayant toujours de trouver un prétexte pour lui envoyer un message (et des stories visées, conseil d’ami : ne JAMAIS faire ça), avec plus ou moins de succès : ses réponses se faisaient de plus en plus monosyllabiques, j’étais exaspérée. Lorsque nous nous sommes revus un second court après-midi, j’avais l’intention de tout lui dévoiler, mais je n’en ai pas eu le courage. Cette entrevue aussi était d’un point de vue logique réussie, car il m’a promis de me faire rencontrer ses nouveaux amis, ce qui veut tout de même dire que nous avions quelque chose en commun. Et pourtant une fois qu’il était parti, ce n’était plus comme avant. Je ne savais pas quoi, c’était quasiment imperceptible. J’ai eu enfin le déclic, ce que je redoutais et que je ne voulais pas voir depuis plusieurs moi, j’ai dû y faire face, je ne pouvais plus y échapper ; j’ai dû accepter que dorénavant, malgré toutes mes espérances, les choses ne seraient plus exactement les mêmes. Finalement, c’est peut-être ça grandir…

Tout ce que je viens de vous écrire, je l’ai raconté à une amie du lycée et j’étais quasiment au bord des larmes. C’est là qu’elle m’a recommandé de lui écrire une lettre vu à quel point notre éloignement m’avait affecté. C’est ce que j’ai fait. Pendant deux semaines, j’ai pesé le pour et le contre de chaque mot pour finalement aboutir à un texte de 3 pages que je lui ai fait parvenir par une amie qui est dans son établissement (quel stratagème !).

J’aurais tellement aimé que ce que je ressentais à son égard eut été réciproque. Malheureusement, après une semaine de silence où j’ai été obligée de le relancer, il m’a dit qu’il ne s’attendait absolument pas à cette lettre, mais qu’il était passé à autre chose, maintenant qu’il avait trouvé des amis qui lui correspondaient et que cette version de lui-même que je décrivais n’existait plus ; la période du collège était pour lui très désagréable et c’est pour cela qu’il avait envie de couper les ponts avec tous ces éléments qui lui rappelait celle-ci. En outre, selon lui, si je m’accrochais autant au passé, c’est parce que contrairement à lui je ne m’étais pas autant épanouie dans mon nouvel environnement (en témoignait mes stories visées 🤡) : j’ai envie de dire, désolée si je ne change pas assez vite ou pas de manière assez impressionnante ! C’est vrai que mon tempérament fait que je me méfie relativement longtemps parce que je sais que le monde n’est pas celui des Bisounours, mais enfin de là à affirmer que je suis malheureuse… Je lui ai fait remarquer que bien que cette période était pour nous deux peu réjouissante, était-ce une raison pour me mettre dans le même sac que ces autres personnes ? J’ai aussi eu le courage de reconnaître que l’admiration que j’avais pour lui n’était pas saine mais qu’avec mon nouvel entourage cela allait forcément diminuer. Il n’a même pas pris la peine de répondre… Je vous passe les détails mais j’ai envoyé un message passif-agressif qui ne lui a évidemment pas plu, lui disant qu’il fallait qu’il me donne une réponse claire : si c’était fini, il fallait qu’il assume et que je le sache. Voilà un peu près ce qu’il s’est passé, nous nous sommes retrouvés dans une impasse et depuis je n’ai plus de nouvelles.

Ce qui m’a vraiment fait mal dans sa réaction c’est qu’il ne semblait pas accorder une quelconque importance à notre relation. Certes, beaucoup de choses ont été amplifiées par moi et il n’y peut rien si je suis tombée de si haut, mais tout n’était pas complètement à sens unique, je refuse de croire l’inverse.

C’est un autre sujet que je ne vais pas développer ici parce que cet article est déjà très long (d’ailleurs merci si vous êtes toujours là :p), mais les réseaux sociaux contribuent à donner l’illusion du lien. C’est vrai, j’aurais pu me contenter d’avoir de ses nouvelles via des posts Instagram, mais est-ce vraiment ça l’amitié ? Spoiler : non. Je n’ai pas eu le courage de le bloquer, j’ai encore un tout petit peu d’espoir qu’il m’envoie un message et s’excuse, donc je laisse toutes les portes virtuelles ouvertes. Mais je ne vois plus ce qu’il fait au quotidien, j’ai mis ses stories en sourdine. Je ne dis pas que j’ai fait les choses parfaitement, mais j’ai fait du mieux que j’ai pu à l’instant T. Qu’il fasse lui aussi un pas vers moi, de mon côté c’est fini.

Le chemin vers l’oubli va être long et douloureux. Cet article en est une étape importante. Cette expérience m’a fait grandir : je me sens bête d’avoir perdu autant de temps, de n’avoir rien dit jusqu’à présent et d’avoir excessivement ressenti. Si je le pouvais, j’aurais aimé lui faire changer sincèrement d’avis. Ce que j’ai vécu peut paraître pour beaucoup de gens de mon âge incompréhensible, surtout qu’il ne s’est rien passé de très croustillant. Peut-être qu’à travers ce billet, j’espère être lue par des gens qui ont vécu quelque chose de similaire. Je sais dorénavant que si je ressens quoi que ce soit de singulier pour quelqu’un, je dois le lui dire le plus vite possible pour ne pas que mon esprit s’emballe comme cette fois-là, et je vous encourage à faire de même. Je sais aussi que ce ne sera ni ma première, ni ma dernière déception sentimentale mais j’espère que ce sera moins douloureux la prochaine fois (c’est beau de rêver xD). J’imagine que la clé est de me concentrer sur les personnes actuelles et positives qui m’entourent et de construire quelque chose de beau avec elles.

Merci de m’avoir lu jusqu’au bout,

Mouchtounelle

Image mise en avant : extrait du clip « Dream » de Jain. A l’époque, cette ligne de la chanson (I don’t wanna grow up // If I’ll forget about you) me rappelait beaucoup ce garçon. Et ce que je redoutais arriva 🙂 Voilà, vous savez tout ou presque.

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3 réflexions au sujet de “Amour platonique… à sens unique”

  1. Ton témoignage est certes personnel, mais je pense qu’il touchera plus d’une personne par la vérité dont il fait preuve , cette vérité sentimentale mais surtout intellectuelle comme tu l’a si bien démontrée. Tout d’abord , merci pour cet article , qui m’a touché par la déception que ce lien social t’a causée et par la justesse de tes remarques sur les relations virtuelles et ce que l’on peut imaginer des choses les plus banales des réelles , c’est une part de ma vérité également , donc merci d’en parler ^^ ensuite , bravo surtout , parce que peu de gens ne craindraient pas de parler aussi intimement de leur vécu et de leur vision des choses , et de façon aussi intéressante en plus, donc bravo de partager ces choses personnelles 🙂 et enfin, je te souhaite bon courage pour tourner cette page , même si je ne doute pas que ce n’est qu’une question de temps et de nouvelles amitiés pour que ça ne soit plus qu’un souvenir a peine nostalgique^^ il est probablement a considérer comme une page importante de ton adolescence, qui t’as permis de progresser en maturité et d’en apprendre plus sur les gens et ce qu’ils peuvent t’apporter dans ta vie 🙂 tu trouveras un apaisement similaire dans quelque chose ou chez quelqu’un d’autre, je n’en doute pas ^^
    si tu as envie d’échanger à ce sujet ou sur autre chose , tu sais où me trouver en tout cas 😉
    Au plaisir de te lire

    Aimé par 1 personne

    1. Cher Yoni,
      Merci d’avoir pris le temps de réagir. Je ne sais pas ce qu’il en est pour toi, mais chez moi la partie très réfléchie et cérébrale rentre régulièrement en conflit avec mon côté passionné et sentimental.
      Je suis très heureuse si ça a pu t’intéresser et éventuellement faire écho avec ton propre vécu. 🙂
      « À peine nostalgique » : c’est optimiste 😂 j’espère pouvoir y arriver au plus vite
      Bonne journée et au plaisir de continuer à échanger avec toi, si ça te dit bien sûr ^^

      Aimé par 1 personne

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