Chroniques, Lecture

(Double -) Chroniques littéraires #3 : « La servante écarlate » et « Les Testaments » de Margaret Atwood

Bonjour à tous ! Comment allez-vous ?

Aujourd’hui, j’avais envie de vous partager mes deux dernières lectures de la même autrice. Ces deux livres sont devenus plus connus suite à l’adaptation en série qui a eu beaucoup de succès (je ne l’ai pas vue). Alors c’est parti !

Résumé :

Nous voici dans la peau de Defred, Servante. Elle nous raconte son quotidien dans la dictature de Galead, qui a remplacé les anciens États-Unis. Peu à peu, elle se remémore de son passé, lorsqu’elle était libre, avec son amie Moira, son mari Luke et sa petite fille. Désormais, son unique mission est de tomber enceinte à la place des Epouses (mariées aux Commandants) qui ne peuvent pas avoir d’enfants. Mais Defred se sent de moins en moins à sa place…

Il y a plus d’une sorte de liberté, disait Tante Lydia. La liberté de, et la liberté par rapport à. Au temps de l’anarchie, c’était la liberté de. Maintenant on vous donne la liberté par rapport à. Ne la sous-estimez pas.

Mon avis :

Tout d’abord, je ne peux que vous conseiller de lire la préface de cette édition (je vous vois lire les préfaces en diagonale 😎) ; il s’agit du discours de Margaret Atwood lorsqu’elle a gagné le Friedens Preis des deutschen Buchhandels (= le prix des libraires allemands pour la paix) en Allemagne. Elle arrive à mêler fiction, histoire et actualité avec brio !

Il faut dire que cela faisait très longtemps que je ne m’étais pas plongée dans un livre avec autant d’intérêt (merci le confinement !). Et je n’ai pas été déçue ! D’habitude, je n’aime pas vraiment la science-fiction (les aliens nous ont envahi et nous veulent du mal : aled), mais celle-ci – avec un peu d’imagination, je vous l’accorde, – paraît si réelle… J’ai été heureuse de constater que finalement, il n’y avait pas tellement de clichés : je m’attendais à ce que ce soit noir et blanc, que les femmes soient les gentilles et que les hommes les méchants, mais que nenni ! Certes, les hommes sont nettement plus privilégiés (dans la vraie vie aussi j’ai envie de dire) : ils apprennent à lire et à écrire contrairement aux femmes, ils ne sont pas autant (mais quand même un peu) hiérarchisés, etc. etc. Mais on remarque tout de même qu’au sein des femmes aussi, en fonction de leur place, elles ont plus ou moins de pouvoir sur la population (mais dans l’ombre toujours des hommes).

J’ai aussi beaucoup apprécié le style de l’écrivaine. C’était très intéressant de mêler passé et présent dans le même chapitre. Certes, il ne se passe pas « grand-chose », l’action est assez lente et il s’agit principalement de souvenirs, mais le contraire aurait été surprenant dans une dictature.

La pudeur dans le texte est aussi quelque chose de remarquable. La série a pour réputation d’être visuellement violente et crue. Il faut dire qu’il y a plusieurs fois, des scènes de viol (dans le sens où les Servantes n’ont pas le choix), mais l’écrit et le style rendent la chose plus « douce ».

J’aurais tout de même voulu en savoir plus sur l’identité de celui qui est derrière la dictature. Le seul indice que l’on a est celui-ci : « C’était après la catastrophe, quand ils ont abattu le Président, mitraillé le Congrès et que les militaires ont déclaré l’état d’urgence. Ils ont rejeté la faute sur les fanatiques islamiques, à l’époque. ». Ce que je comprends, c’est que tous, que ce soit avant ou après l’instauration de Galead, ont joué un rôle plus ou moins important pour la prospérité de la dictature.

Je ne peux pas vous en dire beaucoup plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de la lecture, mais le livre finit sur une fin « ouverte », et franchement, je déteste ça ! Je trouve même cette méthode un peu bâclée, comme si l’écrivain n’était pas allé jusqu’au bout de sa pensée…

Mais qui arrive à se rappeler la douleur, une fois qu’elle est passée ? Tout ce qu’il en reste est une ombre, pas même dans l’esprit mais dans la chair. La douleur marque, mais trop profondément pour que cela se voie. Loin des yeux, loin du cœur.

Nous allons maintenant passer à la suite de ce livre. Si vous n’avez pas encore lu le premier, je pense qu’il vaut mieux que vous vous arrêtiez ici dans la chronique.

Je dois vous préciser que la suite a été écrite trente-quatre ans après, en 2019. J’ai été légèrement déçue de constater que l’histoire reprend elle aussi plusieurs années après et avec d’autres personnages. Mais ça, ce n’est que la première impression ! On sent qu’il y a beaucoup plus d’action que le précédent ; je soupçonne la série et la pression des lecteurs (et donc la génération actuelle) d’avoir influencé dans les choix de l’autrice.

J’ai réellement adoré le fait de mêler le témoignage de trois femmes qui, au début, tout oppose. Nous avons affaire à Tante Lydia, l’une des fondatrices de la doctrine de Galaad (je ne sais pas pourquoi le nom a changé), qui est notamment chargée de la nouvelle éducation des jeunes filles. Il y a aussi Agnes, qui a pour seule destinée de se marier au meilleur parti. Et enfin, Daisy, adolescente d’apparence sans histoire, vivant librement au Canada. Quelque chose semble toutes trois les lier…

Encore une fois, c’est assez difficile de partager mon avis si vous ne l’avez pas encore lu. Néanmoins, je dois avouer que Tante Lydia est un personnage très intéressant. Même si elle a beaucoup de choses à se reprocher, on ne peut qu’avoir de l’empathie pour elle. Quant à Agnes, c’est sa vue d’ensemble sur la société qui apporte beaucoup au lecteur ; elle est « fille » de Commandant et d’Epouse, mais elle passe le plus clair de son temps avec les Marthas (les domestiques (femmes), je précise). Elle est éduquée à l’école par des Tantes et apprend à coudre, à coudre et à coudre (et d’autres trucs mais ça ne m’a pas marqué 😉). La description qui est faite des relations entre « camarades de classe » est aussi très intéressante et du comportement de certaines filles et de leurs rêves. Mais le personnage d’Agnes en lui-même n’est pas très marquant. Et enfin Daisy, pour qui on s’attache et l’on voit son intérêt à la fin seulement, si ce n’est l’aperçu que l’on a du Canada et de la présence et la peur de Galaad dans les esprits (d’autant plus que le pays se trouve à la frontière de la dictature).

Grâce à Tante Lydia, on comprend mieux comment les États-Unis ont basculé et quel a été le processus. (Après tout ça, je rappelle que c’est de la fiction !)

Ce que j’aurais aimé apprendre avec ce livre, c’est de savoir comment les jeunes garçons sont éduqués.

Le petit bémol reste quand même la fin, qui est encore une fois assez libre. C’est comme si l’on pouvait encore écrire une suite. S’il faut attendre encore trente-quatre ans, il faut être patient (et vu l’âge de Margaret Atwood, ça me paraît compromis !) !

C’est tout pour aujourd’hui !

A bientôt 😘

Mouchtounelle

3 réflexions au sujet de “(Double -) Chroniques littéraires #3 : « La servante écarlate » et « Les Testaments » de Margaret Atwood”

  1. J’ai moi aussi adoré ces livres ! Je dois maintenant regarder la série TV que je n’ai pas vu non plus mais qui a, j’imagine, pu prendre pas mal de liberté étant donné les zones d’ombres des récits…

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