Bonjour à tous !
Depuis quelques semaines, je suis en train de lire quelques oeuvres du célèbre écrivain autrichien, Stefan Zweig. J’ai été très touchée par son style et les sujets abordés, c’est pourquoi je vous ai proposé une sélection de cinq de ces travaux. C’est parti !
Pour plus d’informations sur l’auteur, je vous renvoie vers sa page Wikipédia (#J’aiOsé). Il a vraiment eu une vie riche et très intéressante.
- Amok

Six ans après son installation en Malaisie, un médecin voit pour la première fois depuis longtemps, une Européenne entrer dans son cabinet. Un jeu s’installe entre les deux personnages, la femme ne voulant exprimer clairement sa demande, tandis que le docteur insiste pour entendre exactement sa requête. Même s’il connaît la raison de sa visite (un avortement avant l’arrivée de son mari les jours suivants), celui-ci veut être traité comme un humain et non comme un simple employé qui sera payer pour garder le silence.
Je ne peux pas vous en dire beaucoup plus, mais je dois dire que l’on est tenu en haleine jusqu’à la dernière page. Stefan Zweig dépeint les pensées du personnage avec beaucoup de précisions, ce qui nous donne totalement l’impression d’incarner le personnage. Même si ce qu’il fait est assez immoral, on ne peut qu’être qu’empathique avec ce dernier, qui a vécu ces six dernières années dans la solitude. Je vous partage une citation tirée de l’oeuvre qui est peut-être passée inaperçue pour ceux qui ont lu le livre, mais que je trouve pleine de sens (mais je risque de vous spoiler) :
Et soudain… soudain, tout le trouble, toute la colère, toute cette lie impure de passion accumulée, tout cela avait disparu… je n’étais plus qu’un médecin, un homme de dévouement, d’intuition, de science…
Stefan Zweig – Amok
Je trouve que cela définit parfaitement le sens du métier de médecin, dans un monde idéal en tout cas (surtout au vu de la période que nous traversons).
- Le joueur d’échecs

Sur un paquebot voyageant de New York à Buenos Aires, se rencontrent deux joueurs d’échecs que tout sépare : le champion du monde en titre, d’origine modeste et tacticien redoutable, et un aristocrate autrichien qui n’a pu pratiquer le jeu que mentalement, isolé dans une prison nazie pendant l’occupation allemande de l’Autriche.
Il s’agit sûrement de l’oeuvre la plus connue de Stefan Zweig. Et pour cause ! Les descriptions sur la psychologie humaine de l’auteur sont fines, quasi scientifiques ; Stefan Zweig arrive à mettre des mots sur les sentiments humains les plus indescriptibles. Même si l’accent est surtout mis sur l’avocat autrichien et sur la manière tout à fait unique dont il a appris à jouer aux échecs, Je trouve l’enfance de Czentovich tout aussi intéressante.
Car c’est bien connu, rien sur terre n’oppresse autant l’âme humaine que le néant.
Stefan Zweig – Le joueur d’échecs
- Vingt-quatre heures dans la vie d’une femme

Au début du siècle, une petite pension sur la Riviera. Grand émoi chez les clients de l’établissement : l’épouse d’un des pensionnaires, Mme Henriette, est partie avec un jeune homme qui pourtant n’avait passé là qu’une journée. Seul notre narrateur prend sa défense lors d’un débat passionné sur la moralité de cette dernière. Et il ne trouvera comme alliée qu’une vieille dame anglaise discrète et distinguée. C’est elle qui, au cours d’une longue conversation, lui expliquera comment cet évènement lui rappelle une aventure de son passé.
La plupart des gens n’ont qu’une imagination émoussée. Ce qui ne les touche pas directement, en leur enfonçant comme un coin aigu en plein cerveau, n’arrive guère à les émouvoir ; mais si devant leurs yeux, à portée immédiate de leur sensibilité, se produit quelque chose, même de peu d’importance, aussitôt bouillonne en eux une passion démesurée. Alors ils compensent, dans une certaine mesure, leur indifférence coutumière par une véhémence déplacée et exagérée.
Stefan Zweig – Vingt-quatre heures dans la vie d’une femme
Cette lecture m’a été recommandée par un ami. Je pense qu’il ne faut absolument pas se fier au titre (j’en connais certains qui ne se sont pas lancés pour cette raison). Plus que les sentiments d’une femme, il s’agit d’une description de l’addiction aux jeux d’argent. Même si je n’ai jamais été concernée par le sujet, l’auteur réussi à provoquer de l’empathie, aussi bien pour la femme que pour le joueur.
Pour les trois premiers livres que je vous ai présentés, Stefan Zweig utilise la mise en abyme, avec toujours la même mécanique : une ambiance plutôt paisible de vacances et de voyage, et un personnage mystérieux qui se confie au narrateur. J’apprécie beaucoup cette technique, pour son contraste et j’aime aussi l’idée qu’un inconnu puisse se confier à soi…
- Le voyage dans le passé

Un jeune homme tombe amoureux de la femme de son bienfaiteur. Mais il est envoyé au Mexique pour une mission professionnelle. Il ne rentrera en Autriche que neuf ans plus tard, la guerre déchirant l’Europe et l’empêchant de revenir chez lui.
J’ai entendu parler de cette nouvelle sur le blog d’Emma’s book qui m’a beaucoup donné envie de la lire. L’auteur essaie « tout simplement » de répondre à LA question : qu’est-ce que l’amour et peut-il résister aux aléas de la vie (et de l’Histoire) ?
Dès leur première rencontre, il l’avait aimée, mais ce sentiment, qui le submergeait jusque dans ses rêves, avait beau être une passion absolue, il lui manquait néanmoins l’événement décisif qui viendrait l’ébranler, c’est-à-dire la claire prise de conscience que ce qu’il recouvrait, se dupant lui-même, du nom d’admiration, de respect et d’attachement, était déjà pleinement de l’amour, un amour fanatique, une passion effrénée, absolue.
Stefan Zweig – Le voyage dans le passé
Le voyage dans le passé fait partie de ce genre d’oeuvres qui ont le pouvoir de vous faire tomber amoureux, même s’il l’on a jamais vraiment été. La nouvelle mêle autant l’euphorie de l’amour et la nostalgie qui l’accompagne, tout en évoquant les conséquences de la guerre sur les Européens. Je vous conseille cette lecture délicate !
- La confusion des sentiments

À l’occasion de son soixantième anniversaire, Roland de D., professeur de philologie, reçoit de la part de ses élèves et collègues un livre d’hommage, comprenant a priori l’intégralité de ses œuvres, articles et discours. Mais il y manque selon lui l’élément clef de son parcours intellectuel, l’événement de sa jeunesse qu’il garde secrètement enfoui au plus profond de lui-même : la rencontre décisive d’un homme, un professeur, qui a autrefois suscité en lui enthousiasme et admiration. Il entreprend alors de rédiger des « notes intimes », dans lesquelles il retrace sa vie de jeune étudiant, de ses années de libertinage à son attachement exalté pour son maître, avec lequel il noue une relation faite de souffrances et de confusion.
Je pense que si je devais choisir un titre pour décrire Stefan Zweig, je choisirais celui-ci, car comme dit précédemment, l’auteur arrive à mettre des mots sur nos sentiments les plus confus.
La nouvelle commence avec ce professeur de philologie, racontant les débuts de sa vie d’étudiant. Voulant d’abord vivre une vie à l’opposé de celle de son père, il finit par se rendre à l’évidence et finit par étudier sérieusement, et cela grâce à un professeur de littérature anglaise qui bouleversera sa conception des études.
Même si le comportement de ce professeur est excessif, on peut dire que sa passion pour son métier est une qualité rare, qui devrait être plus répandue. Je pense sincèrement que les professeurs qui m’ont le plus marqué et le plus apporté sont ceux qui avaient probablement les plus gros défauts…
J’imagine aussi que pour l’époque, parler aussi ouvertement d’homosexualité devait être quelque chose d’assez inédit !
Il existe des bouleversements soudain, des émotions brusques qui, racontés prendraient probablement un tour sentimental ; il y a des mots qui n’ont de sens qu’une seule fois, lorsqu’ils sont prononcés entre quatre yeux, et qu’ils proviennent de sentiments tourmentés et imprévus.
Stefan Zweig – La Confusion des sentiments
Et voilà pour ma sélection ! Bonne lecture !
Et vous, quelles sont les lectures que vous me recommanderiez de cet auteur ?
M.